Je suis anarchiste

Comment es-tu devenu anarchiste ?
J’ai d’abord été communiste. Puis, avec les manifestations, les AG et les discussions je me suis petit à petit rendu compte des paradoxes du communisme, notamment par rapport à la « distribution » du pouvoir. Je me suis donc tourné vers les textes anarchistes.

C’est quoi le black bloc, concrètement ?
Le bloc, ce n’est pas une idée politique, c’est simplement une forme d’action. Il y a des communistes, des syndiqués·es, des anarchistes, des gens qui sont juste en colère contre la société… Mais les mots d’ordre restent l’anticapitalisme et l’antifascisme.

On ressent quoi, quand on est dans le black bloc ?
De l’adrénaline, de la colère mais aussi de la peur. Voir ses amis·es se faire traîner par la police sous ses yeux, se faire frapper, c’est angoissant. Mais cette peur alimente mes arguments. On vit dans une société où la violence est partout. Et je me dis que si je cède face à cette peur, iels auront gagné.

Ton souvenir le plus fort de manif ?
Un jour nous faisions face aux CRS, j’étais derrière une banderole renforcée et on entendait des « chtonk » sur celle-ci : des balles en caoutchouc qui nous visaient. Quelqu’un du bloc que je ne connaissais pas a posé sa main et m’a dit « ne t’en fais pas, je suis derrière toi ». J’ai compris que je n’étais pas seul et que je ne le serai pas si je venais à être blessé ou interpellé.

Te dis-tu parfois que vous allez trop loin ?
De mon point de vue nous n’allons pas trop loin, mais nous faisons parfois des erreurs. Je ne parle pas d’attaquer une banque mais de la façon dont on l’attaque. Par exemple, mettre le feu est trop dangereux pour les habitations au-dessus, mais si la banque occupe un bâtiment entier et qu’elle est vide, je n’y verrais aucun problème. Le bloc est très diversifié, certains·es, par exemple, sont opposés·es à la confrontation directe avec les forces du désordre, iels préfèrent attendre que les flics nous attaquent avant de répondre, ou bien ne pas les affronter du tout. Donc pour une partie des participants·es nous allons peut-être trop loin dans certaines actions.

Ta société idéale, ce serait quoi ?
Ce serait une société où les humains·es vivent en harmonie entre elleux et avec les autre espèces, ainsi qu’avec leur environnement. Il faut arrêter de travailler pour produire de la valeur et construire une société basée sur les besoins de chacun·e.